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Fespaco 2013: le bilan

L'Editorial

Nos Activités au FESPACO 2013


Fespaco classique : une expérience à renouveler

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« Je me réjouis énormément de ce projet. Il complète les formations que nous initions pour les animatrices du CNA. Au sortir de ces cinq soirées, elles sont plus outillées pour rapprocher les films des populations ». Ainsi s’exprimait Wend-Lassida Ouédraogo, le coordonnateur du CNA Afrique, au cours de la dernière soirée de projection-débat le 1er mars dernier au Village CNA au Fespaco.

Organisé du 25 février au 1er mars à Ouagadougou, le Fespaco classique a été le projet-phare du CNA pour cette 23ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision. Il s’est agi de projeter quatre "classiques" du patrimoine cinématographique africain primés au Fespaco et qui ont connu du succès au cours des projections itinérantes du CNA.

Le choix s’est porté sur Yaaba du Burkinabé Idrissa Ouédraogo, Quartier Mozart du Camerounais Jean-Pierre Bekolo, Tasuma, le feu de Daniel Kollo Sanou et Gito, l’ingrat du Burundais Léonce Ngabo. Le critique de cinéma Emmanuel Sama salue cette sélection : « le choix du CNA me semble artistiquement parfait. Ce sont des grands films qui présentent plusieurs tendances » : la tradition, l’enfance, la comédie sociale, la politique, la domination occidentale, l’émigration et le retour au pays. De grands thèmes explorés par les cinémas d’Afrique.

Les soirées au Village CNA

Les films ont été projetés en présence des réalisateurs, dans une ambiance festive, comme un soir au village. A la suite de chaque projection, un débat a réuni le réalisateur du film, les animatrices des CNA et les critiques de cinéma africains les plus pertinents : Baba Diop (Sénégal), président de la Fédération africaine de la critique cinématographique (Facc), Espera Donouvossi (Bénin), membre fondateur des associations de critiques au Bénin et au Togo, Emmanuel Sama (Burkina Faso), membre de la Fédération burkinabé de la critique cinématographique, Thierno Ibrahima Dia (Sénégal), modérateur du site de la Facc, africine.org et responsable éditorial de Imagesfrancophones.org de l’Organisation internationale de la francophonie, et Claire Diao (France-Burkina Faso), critique spécialisée dans l’étude des cinémas africains.

Au cours des débats riches en enseignements, les réalisateurs ont eu l’occasion de parler des conditions de création de leurs œuvres, de leur motivation et de leur vision du cinéma africain. Ainsi, le débat avec Idrissa Ouédraogo a laissé la place à une Master class improvisée, pour le bonheur du public qui n’a pas manqué d’enrichir la discussion par ses questions et ses réflexions. De jeunes réalisateurs présents dans le public ont interrogé leurs aînés pour avoir leurs conseils, et plusieurs réalisateurs ont insisté sur la nécessité d’une formation technique et d’une bonne culture cinématographique

Les critiques de cinéma ont apporté une analyse de ces œuvres sur le plan esthétique, technique et narratif, tout en les restituant dans un contexte historique et dans l’œuvre du réalisateur.

Travail de médiation

Les animatrices du Cinéma Numérique Ambulant ont témoigné du regard que les publics portent sur ces films. Un regard qui diffère parfois selon les pays, et même à l’intérieur d’un même pays selon les traditions culturelles, le niveau de développement, les traditions et le temps. Ces animatrices, qui font un travail remarquable de traduction pour rendre le film accessible au plus grand nombre, ont aussi restitué les interrogations des spectateurs qui trahissent la distance qui existe entre les cinéastes africains et leur public. Animatrice au CNA Burkina, Abibata Sawadogo en témoigne : « Souvent, le public vient te poser des questions sur les motivations du cinéaste et tu ne sais pas quoi répondre. Le fait de discuter avec des réalisateurs va beaucoup nous aider à faire notre travail ».

Les animatrices ont aussi parlé des ressorts qui font qu’un film marche… ou pas. Aissata Maïga Ibrahim, la directrice du CNA Niger, se souvient des attentes du public en ce qui concerne Tasuma, le feu, un film qui relate les tribulations d’un ancien combattant pour toucher sa pension : « Tasuma fait partie des films les plus demandés par le public. Dans les villages, des jeunes nous réclament ce film qu’ils ont pourtant vu plusieurs fois. Dès qu’ils nous aperçoivent, les enfants commencent à chanter la chanson du fou Doba : ‘‘lundi matin, Sogo, son vélo et sa musette, s’en vont à Bobo pour toucher sa pension…’’ Par ailleurs, ce film prône l’amélioration des conditions de vie de la femme et le refus du mariage forcé. Le public féminin acclame les femmes du film qui luttent pour que le moulin reste dans le village ».

Une question intéressante à propos du film Quartier Mozart, a porté sur la censure qui pourrait sembler nécessaire par rapport à certains thèmes et à la nature même du public. Une question générale qui a suscité des réponses contrastées, et qui mériterait plus ample discussion.

Soirée documentaire au féminin

Pour cette édition du Fespaco qui célèbre la femme en la plaçant à la tête des jurys, le CNA a consacré la soirée du 1er mars au documentaire féminin, avec la diffusion des films Itchombi de Gentille Assih (Togo) et Le prix du sang de Anne Elisabeth Ngo Minka (Cameroun). Partenaire du CNA pour cette soirée, Africadoc a participé au débat. Notamment Dominique Olier, coordinateur général de ce programme de développement du cinéma documentaire africain que mène l’association française Ardèche Images, et Maimouna Nikiéma, secrétaire générale d’Africadoc Burkina.

Occasion de parler de la place de la femme dans le cinéma et de la réception des films documentaire par le grand public. De manière générale, il ressort que les gens appréhendent plus les documentaires, comme l’explique Coumba Sarr, responsable d’équipe au CNA Sénégal : « Quand je passe un film documentaire, je suis obligée de sensibiliser encore plus, de dire aux gens que nous ne montrons pas ces films pour critiquer, mais pour faire prendre conscience, ouvrir le débat ». Mais quand il est accessible, le documentaire peut avoir autant de succès qu’un film de fiction auprès des publics des CNA qui militent pour la diffusion du documentaire de création et pour une meilleure visibilité des œuvres des réalisatrices. Occasion aussi d’évoquer la place du film de sensibilisation dans les projections du CNA.

Coup d’essai, coup de maître

En clôture du Fespaco classique, Le rite, la folle et moi, le dernier film de Gentille Assih, a été diffusé en exclusivité. La veille, le 28 février, c’est le long-métrage de fiction Le secret de l’enfant fourmi, réalisé par la Française Christine François et coproduit par le CNA Bénin, qui était projeté au Village CNA. Chaque soirée a enregistré plus de 200 spectateurs curieux et engagés.

Face au succès de l’initiative, le CNA a décidé de le reconduire le projet Fespaco classique aux prochaines éditions du Fespaco, pour continuer à explorer les raisons qui font que, des dizaines d’années après leur sortie, des films comme ceux diffusés restent aussi vivants. Pour Wend-Lassida Ouédraogo, « le cinéma est une chaîne constituée de plusieurs maillons. Grâce au CNA, il y a quelque chose qui est en train de se faire sur le terrain » pour rapprocher le public africain des œuvres africaines. Pour la réalisatrice Christine François, ces échanges entre réalisateurs, critiques, animatrices et publics sont « une force qui se met en place ».

Le CNA Afrique s'ouvre sur l'exterieur

Jusqu’au 24 février 2013, le conseil d’administration du CNA Afrique ne comprenait que les CNA historiques du Bénin, du Burkina, de France, du Mali et du Niger. Le dernier conseil d’administration a été élargi à l’ensemble des CNA avec l’entrée des associations du Cameroun, du Sénégal et duTogo, de même que celle de trois représentants des salariés pour les métiers d’animatrice, de technicien-projectionniste et de chauffeur.

Mais surtout, le conseil d’administration du CNA Afrique s’est ouvert aux personnalités extérieures qui soutiennent les CNA depuis plusieurs années, de même qu’aux acteurs reconnus de la société civile et culturelle africaine : la juriste sénégalaise Fatou Kiné Camara, le réalisateur nigérien Sani Magori, le président du CNA Niger, Abdoulaye Soumana, et le trésorier du CNA Burkina, Noel Aquin Rouamba

Ces personnalités vont apporter une caution morale au CNA, l’aider à prendre des décisions importantes pour son avenir et apporter à son fonctionnement leur regard critique, parce que proche mais en dehors. Tous ont assuré le CNA de leur soutien indéfectible.

Nouveau bureau

L’ordre du jour a porté sur le bilan des actions visant la structuration du réseau avec deux partenaires, l'Union européenne et Africalia, une initiative belge de coopération culturelle avec l’Afrique, les perspectives pour les prochaines années et la recherche des solutions aux problèmes posés, notamment les besoins en formation. L’élection du nouveau bureau a clôturé les assises. Ce bureau est composé de Rosalie Ndah (Bénin), présidente, Kadidia Sidibé (Mali), vice-présidente, Aissata Maïga Ibrahim (Niger), secrétaire générale, Christian Lambert (France), secrétaire général adjoint, Noel Aquin Rouamba (Burkina), trésorier.

Le rôle du conseil d’administration du Cinéma Numérique Ambulant est d’élaborer une politique commune des CNA et d’impulser une meilleure structuration du réseau.



Droit des films : le CNA veut s’améliorer

Le Camerounais Jean-Pierre Bekolo a gracieusement cédé les droits de Quartier mozart, il s’en explique : « Nous, cinéastes africains, avons un problème de distribution, un problème d’audience. L’action du CNA vient compléter le travail qu’on fait. C’est quelque chose que d’autres, les commerçants, n’arrivent à faire. C’est pourquoi le travail du CNA mérite du soutien car, au final, c’est le cinéaste le bénéficiaire».

Approché pour son film Africa Paradis, le réalisateur béninois Sylvestre Amoussou a refusé d’en céder les droits au CNA pour 500 euros par an. Il affirme que ce premier long métrage lui a coûté trop cher pour qu’il puisse se le permettre.

Bien qu’estimant la somme modique, le réalisateur malien Salif Traoré a, pour sa part, accordé les droits de son film Faro, la reine des eaux au CNA : « J’ai accepté au lieu de laisser mon film dormir dans le tiroir, mais je me suis dit : comme ce sont des personnes intelligentes, ils vont revoir à la hausse ce qu’ils accordent à l’acquisition des droits des œuvres. Je trouve l’initiative du CNA salutaire dans la mesure où plus de 60% de la jeunesse en milieu rural et périurbain ne connaissent pas les salles de cinéma. Donc, leur apporter du cinéma, avec son cortège de message, de sensibilisation, c’est génial ».

Des appels entendus

Trois cinéastes, trois réactions. Des appels qui ne sont pas tombés dans des oreilles de sourds. En 2011 au Fespaco, Le CNA a organisé une table ronde sur le thème « la place des cinémas itinérants dans l’économie cinématographique africaine », rencontre dont les résultats ont été restitués au cours d’une conférence au Festival de Cannes, en mai 2012.

En 2013, le CNA créé, à l’occasion du Fespaco, une Commission des ayants droit au sein du CNA Afrique, la structure de coordination chargée de l’acquisition du droit des films pour le réseau. Le but de cette commission est de l’aider à améliorer sa politique de rémunération au regard de son statut associatif, de sa mission de diffuseur du cinéma africain auprès des populations africaines et de ses ressources très souvent maigres. Le but final étant d’inscrire davantage le modèle alternatif de diffusion du CNA dans l’économie cinématographique africaine.

Ont participé à cette première réunion, dix professionnels du cinéma: le réalisateur béninois Sylvestre Amoussou, le distributeur camerounais Jean Roke Patoudem, l’exploitant sénégalais Khalilou Ndiaye, le réalisateur malien Salif Traoré, l’enseignant français en économie du cinéma Claude Forest, la responsable du bureau nigérien du droit d’auteur Zarami Fadji, la présidente du CNA Afrique, Rosalie Ndah, le coordonateur du CNA Afrique, Wend-Lassida Ouédraogo, le directeur du CNA France, Christian Lambert, et la directrice du CNA Niger, Aissata Maïga Ibrahim.

Débats passionnés

Les débats passionnés ont porté sur le taux de rémunération du CNA, l’identification de l’ayant droit par la définition de ce terme, la définition du métier du CNA...

Zarami Fadji a précisé qu’une œuvre de l’esprit doit être automatiquement rétribuée. Pour Khalilou Ndiaye, le principe de payer est acquis, le problème qui se pose est celui de la juste rémunération. Parce que le film est sa matière première, le CNA devrait le rémunérer en conséquence, estime Salif Traoré. Sylvestre Amoussou a posé l’urgence du problème en avançant qu’avant de créer des écrans, le CNA devrait régler la question des droits des films.

L’argent étant le nerf de la guerre, Christian Lambert a expliqué que le CNA trouve ses moyens de subsistance auprès des partenariats et par des prestations de service, et prélève un pourcentage sur ses recettes pour le paiement des droits des films. A ce discours, Khalilou Ndiaye a conseillé de prévoir une ligne budgétaire pour la rémunération des œuvres lorsque le CNA souscrit aux appels d’offres, au même titre que le véhicule et le matériel. Cette mesure vaut également pour les partenaires à la sensibilisation. Wend-Lassida Ouédraogo a répondu que le débat est déjà en cours au sein du réseau des CNA qui butent face aux réticences des partenaires.

Loin de ce débat, Jean Roke Patoudem a ramené la problématique à un acheteur qui rencontre un vendeur avec qui il se met d’accord ou pas, tout étant une question de marché. Il a invité le CNA à réfléchir sur son métier au sein de la grande famille du cinéma. Mais sans attendre, il l’a classé comme un distributeur qui acquiert les droits d’exploitation des films pour son réseau. Christian Lambert a reconnu l’importance pour le CNA de s’identifier, la question n’ayant jamais été vraiment évoquée.

Claude Forest dresse le bilan de cette rencontre: « Cette discussion a permis d’éclaircir la politique du CNA et les problèmes qui peuvent ressurgir. Je loue l’ouverture du CNA qui permet le débat pour régler des problèmes qui dépassent bien souvent le cadre du CNA. Le mérite de cette commission a été de faire parler les professionnels qui ont esquissé des pistes assez clairs et simples. Quelle que soit la motivation des acteurs, commerciaux ou associatifs, on est sur un marché et ce marché a ses règles et ses métiers ».

La Commission des ayants droit devra se réunir tous les deux ans à Ouagadougou mais travaille toute l’année. Ces discussions permettent l’harmonisation des rapports entre le CNA et les professionnels du cinéma, pour qu’ensemble, ils construisent une cinématographique africaine forte et rentable.



Après le Fespaco, de nouveaux défis

Le Fespaco est derrière nous, le CNA se tourne résolument vers de nouveaux défis. Et ils sont nombreux : la consolidation du réseau des CNA, la création de nouvelles unités mobiles de projections, la mise sur pied d’une base de données en ligne, le lancement d’une structure de production audiovisuelle Vidéo Fada…s

La consolidation du réseau : Le Fespaco a constitué pour les Cinémas Numérique Ambulant du Bénin, Burkina, France, Mali , Niger, Cameroun,Sénégal etTogo un excellent moment de retrouvailles. Occasion de se rencontrer, de partager des expériences, de renforcer le sentiment d’appartenir à une grande famille. Des réunions internes ont permis de « dénouer tous les petits nœuds », selon l’expression deRosalie Ndah, présidente du CNA Afrique, et d’amorcer des solutions aux problèmes communs.

Il est question maintenant de poursuivre la structuration du réseau des CNA, commencée depuis 2009 avec la création du CNA Afrique en consolidant les relations avec les partenaires dont Africalia. Le 28 février, Africalia a d’ailleurs organisé sa conférence de presse au Village CNA, de même qu’une soirée cinéma au village Sao, à 45 Km au nord de Ouagadougou, avec le CNA.

La création de nouveaux CNA : en 2013, le CNA va s’installer à Madagascar et en Tunisie grâce à un partenariat avec la Fondation Orange qui finance, dans ces deux pays, la création d’une unité mobile de projection et un an de fonctionnement.

Avec près de 21 millions d’habitants repartis sur un territoire de 587 Km², Madagascar ne compte aucune salle de cinéma. Depuis quelques années, une nouvelle génération de cinéastes émerge avec des projets porteurs pour faire revivre le cinéma sur cette île de l’Océan indien. Pays des Journées cinématographiques de Carthage, l’un des plus grands festivals de cinéma africains, la Tunisie est logée à meilleure enseigne. Cependant, le danger demeure, les salles ferment. Le nombre de salles de